Parti en fumée...
Suite à l'évacuation des demandeurs d'asile Sahraouis du terrain sous le pont Saint-Jean l'an dernier en raison des travaux lancés par Euratlantique sur décision du préfet Pierre Dartout, ils se sont désormais installés dans des squats. Ce peuple venu du Sahara Occidental - ancienne colonie espagnole sous contrôle du Maroc et se revendiquant Etat sans qu'il y ait une reconnaissance de l'ONU - erre depuis 4 ans... Ça fait également environ 40 ans que cette république arabe sahraouie existe sur la carte mais elle reste toujours sans territoire. Le Sahara Occidental est le théâtre d'un conflit entre le Maroc, convaincu de sa souveraineté, et de l'Algérie qui a apporté son soutien au Front Polisario, constitué d'indépendantistes. Demandeurs d'asile car tout simplement ils fuient les exactions commises contre le camp de réfugiés de Tindouf, au Sahara Occidental.
De ce fait, une centaine se sont regroupés depuis des mois quai Deschamps dans une ancienne industrie chimique sinistrée, désaffectée. Entretemps, un violent incendie est déclaré dans la soirée du samedi 4 mars 2017. Un an environ après celui de mai 2016. La verrière du bâtiment, appartenant à un particulier, s'est effondrée. L'hypothèse qui a été retenue "l'origine de cet incendie pourrait être accidentelle". Une drôle de coïncidence avec l'avancée considérable des travaux sur ce quai et avec le calendrier électoral qui suit la logique de l'écoute des riverains excédés, des entreprises, etc.
Découvrir ce bidonville à ciel ouvert en plein coeur de Bordeaux et à quelques minutes du centre ville a encore été plus violent pour moi émotionnellement et intimement. J'assiste au suicide collectif de la société qui est réellement gouvernée par une oligarchie. Cette prise de pouvoir depuis longtemps est la signature d'un acte de vandalisme politique. La démocratie meurt à petit feu car la politique ne revient plus réellement au pouvoir du peuple mais plutôt à "une minorité dont les décisions sont orientées soit par un parti soit par de grandes entreprises" (D.)
Cette énorme machine, l’État, fait régulièrement office de réponse inadaptée à l’accueil des réfugiés politiques. Elle est complètement dépourvue de sens au regard de la réalité. Or, dans la Convention de Genève il est stipulé que le logement, l'hébergement de ces personnes, leur protection sont obligatoires. Tant que la politique ne sera pas cohérente et tant que leur dignité ne sera pas acquise les camps, les squats se reformeront toujours et rapidement. Elle ne peut continuer à relayer cette population au rang inférieure voire à une considération politique secondaire. L'humanité n'est pas un système de hiérarchie, elle est plutôt universelle où le mélange ne forme qu'un.
Malheureusement les restrictions s'accumulent, et les pressions répétées de l'État laisse présager d'une volonté d'en finir...
En voyant le papier glacé des magazines, à la rubrique tourisme les touristes ont intérêt à avoir le goût du contraste bordelais. Retournez dormir, continuez à avoir la conscience tranquille en attendant la fin de la trêve hivernale (du 1er novembre jusqu'au 31 mars sont suspendus les jugements ordonnant l'évacuation de lieux en cas d'occupation illégale ou d'impayé de loyer) et à assister à des évènements similaires avec résignation, incrédulité et intolérance. Il n'y a plus qu'à attendre la suite des évènements en croisant vos doigts.