Ce jour là...
La lumière s'est éteinte suite à l'écho de l'inadmissible expulsion qui a eu lieu jeudi matin avec l'arrivée de 80 CRS et policiers nationaux à l'ancien ehpad Les jardins de l'Alouette (Pessac) où résidaient des familles de diverses nationalités grâce au collectif citoyen.
Ils se sont autorisés à l'ignoble et ça ne date pas des derniers jours. Nous connaissons parfaitement les mécanismes de ce rouage constituant le passage à l'acte : l'expulsion à la demande du CHU de Bordeaux dont Alain Juppé préside le Conseil de surveillance.
Ce détonateur a été appuyé par des mains de pantins sans scrupules. Je crache sur cette gangrène. Elle ne cesse de s'étendre pour scléroser la société. Ce poison au parfum insipide vise à nous intoxiquer et à nous déconnecter les uns des autres.
Avec un cœur lourd, pétri d'émotions, j'ai tout de suite pris mon arme silencieuse. Mon stylo. Un moyen de participer à l'indispensable vie des mots contre la violence, l'intolérance et défendre le bien commun à tous : la dignité humaine.
La veille de cet évènement brutal, j'étais sur place avec un ami. La tension générée par la lourde épée de Damoclès au dessus des têtes était palpable. A ce moment là, je me suis interrogée sur le droit de ces familles à avoir un toit dans un pays qui aurait des millions. Il y aurait 20 000 logements vides à Bordeaux. Or, d'après la loi n°90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement, l'article 1 explique en filigrane que la garantie du droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l'ensemble de la nation.
Il est grand temps que les pouvoirs publics s'attachent sérieusement à ce genre d'histoire indigne qui s'éternise. Face à cet état de fait, j'accuse la politique de l'État de se rendre coupable des expulsions. Il serait donc heureux qu'elle prenne enfin toute la mesure des devoirs humains. Au lieu de construire des murs, des passerelles seraient plutôt les bienvenues pour enrayer la banalisation des expulsions. Est trop que de surseoir à l'expulsion en attendant que ces familles soient logées dans des conditions dignes?
Il est parfois difficile de continuer de croire que les choses peuvent changer. Et pourtant il faut continuer d'y croire sinon il n'y aura plus le moindre espoir qu'elles changent un jour. L'espérance est ce qui reste quand les espoirs ont été déçus. Le premier pas effectué par ce collectif, espérons le fortement, vers une longue marche combative a tout mon soutien. La honte n'est pas de son côté. Elle est plutôt du côté des mauvais samaritains.
Il est hors de question de laisser cette politique saccager la dignité humaine avec des décisions totalement injustes, arbitraires et brutales. Notre démocratie meurt à petit feu et elle est rongée par tant d'aberration, d'absurdité. Il est plus qu'urgent et vital d'amputer ces formes de violence en foutant un joyeux désordre. Ce sera alors le commencement de la justice humaine face à tant d'injustice provenant de l'ordre. Ne serait ce pour le bien de nous tous de nous protéger et d'agir à notre manière contre ces pratiques décomplexées perpétrées par l’État?