Les Résistants
Je ne me lasserai jamais de découvrir de nouveaux artistes. Par la même occasion, les faire découvrir autour de moi, même s'ils n'ont pas toujours la notoriété qu'ils méritent, revient à révéler toute la fertilité d'une musique qui refuse tout étiquetage. J'aime avant tout la sincérité dans n'importe quel genre musical.
C'est le cas du premier album Les Résistants composé de quinze chansons dont trois sont issues de Georges Brassens, Léo Ferré et Renaud Séchan. Leurs ombres planent toujours. Elles sont proches des gens avec leurs vérités justes et assommantes. Cet opus, portant bien son nom, est un regard sur notre société léthargique et écorchée. Le tout constitue l'humus de la bonne musique libertaire et la reprise autour de plusieurs thèmes sociétaux avec des textes magnétiques nous rappelant bien la dépolitisation, le désenchantement et nos rêves désabusés. Aucune concession sur la réalité en France à l'heure actuelle.
Pour ceux qui ne le connaîtrait pas, Casse-Bonbons est un homme à la gratte, au chant et à l’harmonica. Ses chansons simples et naturelles tendent vers l'implicite ou l’ambiguïté lexicale. Chaque ligne dénonce et offre une part cryptée que chacun peut interpréter librement. Aucun terme choisi avec délicatesse n'en sort indemne. Ces mots littéraires, de tous les jours et ses jeux ne sont pas mal en point. Bien au contraire, ils sont le dépositaire de la rage authentique, d'un cri de révolte, d'urgence face à un monde en déclin permanent. C'est en parlant de l'intime vécu au quotidien qu'il dessine un portrait en lambeaux de la France.
Il oscille entre énergie et émotion avec son comparse Oliver Bourdens. Leur mélange acoustique possède une sorte de sincérité et fait passer à travers la musique des messages forts en dénonçant les institutions, les règles de vie artificielle,... Son affirmation dans ce nouvel espace musical de proximité avec le public nous livre au delà des mots le monde de dualité dans lequel nous vivons depuis toujours. Il livre sans détour les deux facettes de la vie : la réalité, les rêves et l'utopie. Ces deux entités s'opposent non seulement mais se complètent aussi tel le jour et la nuit. Ses chansons sont artistiquement fécondes car elles puisent sans arrêt dans le schéma travesti de réalité aliénante avec ses codes et la servitude. Une once d'espoir est toutefois présente, celle de la recherche incessante de la liberté et de la libération avec le débarras des chaînes nous emprisonnant. Seulement l'esprit continue à divaguer et à s'envoler vers d'invisibles rêves lumineux.
Casse-Bonbons fait partie des «(r)allumeurs d'étoiles» anonymes. Par son geste, un engagement, une parole, il entretient une lueur d'espoir dans une société déshumanisante avec un engagement résolument artistique et poétique. Il n'est pas le dernier engagé enragé car l'esprit libertaire est toujours présent avec l’insoumission éternelle, l'indocilité et l'air du temps révolté. L'énergie qui s'en dégage est toujours d'actualité. Il n'a pas dit son dernier mot et la suite de son combat ne va pas tarder. Résistance et sourire. Mais les temps changent comme le chante Bob Dylan...
