Dikav // Rencontre
Visite d'un squat composé de familles tsiganes turques et bulgares. Un nouvel apartheid. Il prend de l'ampleur au sein de notre société qui se construit de plus en plus par la séparation avec une vision sur plusieurs niveaux. L’État reste toujours timide dans la reconnaissance de leurs droits : droit à la décence, droit à la citoyenneté, droit à l'inclusion, droit au travail, ... Bien que cette population aspire à vivre décemment dans notre pays à juste titre, elle est de plus en plus poussée vers l'autarcie et usent de tous les moyens pour survivre. Et pourtant, elle est tout autant légitime que n'importe quel autre ressortissant d'un pays européen car les premières migrations en Europe des populations tsiganes datent de 1419.
Sachant qu'elles privilégient plutôt le contact direct je suis allée sur leur territoire privé avec ses limites.
Soucieuse de ne pas les déranger, je suis discrète en jetant des coups d’œil furtifs pour observer leurs conditions de vie insalubres. Ma présence est totalement incongrue dans ce paysage apocalyptique.
Un hangar vétuste avec un toit abîmé laissant passer les intempéries et la fiente des oiseaux. L'eau et l'électricité font défaut. A l'intérieur des cabanes construites avec des matériaux récupérés et collées les unes contre les autres. La nuit des rats et des cafards circulent selon le témoignage de Z.
Une ambiance éphémère règne. Ces familles ne sont pas complètement installées car l’angoisse constante de l’expulsion est présente. Tout est sur le point d'être de nouveau déconstruit. Tout les menace.
Elles cherchent à s'échapper de la misère de la Roumanie et de la Bulgarie. Mais le piège de l'eldorado occidental s'est vite refermé sur eux et s'est transformé en génocide passif. Il leur rappelle sans cesse la réduction de l'homme à son identité ethnique.
Ce jour là, je n'ai pu prendre de photos. Chaque chose en son temps.